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L’homosengalensis et la parlotte ! Il y’a dans notre frénésie à faire débat de tout et sur tout une cure qui relève de la psychologie sociale et de la praxis sunugalienne de la passivité. Karl Jaspers, le philosophe allemand, parlant du langage, disait qu’il avait des vertus curatives. Autrement dit, qu’il existe des maux qui ne peuvent être soignés que par des mots. Mais pour le cas nous concernant, nous avons fini d’inscrire au registre du langage, verbiages et péroraison, pourvu que l’on ne meurt pas.

Par Aguibou Diallo

« Tant que le combat se résumera à rouler des mécaniques, à admonester et à reluire les mots par des y’a qu’à – faut qu’ on, nos martyrs se compteront au fil des âges, sans que nous en tirions les bons enseignements ».

C’est Roland Barthes qui disait fort à propos que tout refus du langage est une mort. Replacé dans le contexte sunugalèrienne, disons qu’il nous faut conjurer la mort, par la parlotte. Que cela tombe sous le sens ou pas, peu importe, nous sommes à l’ère de la non limitation de la connerie. Donc il nous faut exister, nous soigner par la parlotte. Faute de courage à affronter nos bourreaux, nous nous languissons à maugréer en lieu et place de la révolte. Comme le colibri se pare de son éclat de couleurs dans la famille des ovipares, nous sunugalèriens, chez les humains, nous distinguons par la parlotte.

La révolte c’est pour les autres, notre satisfecit en est amplement comblé, du haut de notre station de commentateurs des actualités. Notre afia nationale, pour cruelle et mortifère qu’elle soit, nous l’expurgeons par la magie de la parlotte.

Les lives Facebook, prolongement du wax sa xalat, antenne ouverte des chaînes de radio aux auditeurs, devenues la curatelle grâce à laquelle la parlotte nous anesthésie contre le bistouri chirurgical avec lequel nos bourreaux nous charcutent.

Oubliant du reste, ou alors on le feint, que si le refus du langage est synonyme de la mort comme évoqué, plus haut, c’est en rapport avec la simplicité de la vérité. N’est ce pas Sènèque qui disait que le langage de la vérité est simple?

Autrement, il eût mieux valu que nous fissions nôtre la sagesse de Yasmina Khadra pour qui le verbiage inutile et le tintamarre des mots abscons firent dire, dans ce que le jour doit à la nuit,  » qu’ il est des silences qu’il ne faut pas déranger, pareils à l’eau dormante, ils apaisent notre âme ».

Tant que le combat se résumera à rouler des mécaniques, à admonester et à reluire les mots par des y’a qu’à – faut qu’ on, nos martyrs se compteront au fil des âges, sans que nous en tirions les bons enseignements.

Que chacun se suffise à soi et à sa candeur à toujours soupçonner une once de bonhommie chez nos bourreaux. Nous verrons bien où cela va nous mener!

Nos bourreaux ont une longueur d’avance sur nous, c’est celle d’ouvrir de nouveaux chrysanthèmes, alors que les porte voix, s’emmêlent les pinceaux ou se prennent les pieds dans le tapis sur des sujets secondaires, si ce n’est périphériques.

Et cela non pas grâce, mais à cause de la Démocratie, système de représentation qui articule liberté d’expression et délégation de pouvoir de l’ensemble au bénéfice des groupements de partis ou organisations de tous types.

Un paradoxe du régime de la Démocratie que Tocqueville avait souligné avec force d’arguments en ces termes : « un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort.

Le peuple tente, selon Tocqueville, de répondre à « deux passions ennemies ils sentent le besoin d’être conduits et l’envie de rester libres », ce qui nous conduit à cette situation de despotisme démocratique. Ils imaginent un pouvoir unique tutélaire, tout puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple  »

Or, nous nous apercevons in fine, que la centralisation a pris le pas sur la souveraineté. Les déficits budgétaires provenant de la nullité de nos représentants sont payés, au moyen de la coercition légale, quoique illégitime, par nous et par le truchement d’artifices juridiques et législatifs, au service et à la jouissance exclusifs de l’appareil d’État. Que karl Marx eût jadis raison de nommer par l’appareil d’oppression au service d’oppresseurs.

Enfin de compte, les combattants de la liberté comme Adama Gaye, Guy Marius Sagna et j’en passe ont eu tort d’avoir raison, devant un peuple qui se délecte de la parlotte pendant qu’il se fait tondre jusqu’au cuir par des bourreaux consanguins et extravertis.

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