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C’était il y a quelques semaines (le 28 septembre) à Paris, Serigne Mansour Djamil et Khalifa faisaient une déclaration commune à Paris ; un prétexte pour Last Leaks de réaliser un entretien avec le mentor de Barthélémy Dias. Sauf qu’au lieu d’une interview, l’on a eu droit à une brève discussion aux relents de révélations… confidences. «Damay bokk 2024, keneu meunouma téŕé bokk»
Rokia Pédro

Invitée à couvrir cette rencontre était plus une occasion pour la journaliste que je suis, de surtout interviewer Khalifa Sall. Depuis sa sortie de prison, je ne l’avais rencontré qu’une fois ; c’était lors d’un meeting à Paris, organisé par ses militants dans une salle dans Le 18ème. Il était impossible de lui parler, les gens étaient venus nombreux lui témoigner leur joie de le voir recouvrer la liberté. Bref…
Enfin, me disais-je, c’était l’occasion de lui poser au moins deux questions qui me tiennent vraiment à cœur.
Dans le hall de cet l’hôtel du 17em où se tenait la déclaration, les conditions n’étaient pas réunies pour la discussion que je souhaitais. Khalifa était venu avec Bamba Fall et il semblait pressé de rentrer dans son hôtel ; il était tard puisque près de 21 heures passées et il ne s’attendait surement pas à se livrer à une séance de questions réponses, ne serait-ce qu’un instant.
L’ancien maire de la capitale Dakar avait déjà pris rendez-vous avec une certaine presse. Il m’expliqua qu’il a promis l’exclusivité à une télé ; ce qui l’empêchait de m’accorder l’interview que je voulais pour Last Leaks dans le cadre de l’émission Capsule.

  • Vous savez, maintenant les journalistes ne posent les véritables questions. Ils t’interpellent pour te faire réagir dans l’actualité ou sur untel ou untel autre sujet. Or, je ne veux pas être réduit à un commentateur de l’actualité. Je suis prêt à un vrai débat de fonds avec des vraies questions sans détour. Je ne veux même pas que ce soit préparé, pas de protocole d’interview. Je peux le faire sans connaître auparavant qui va m’interviewer. Vous comprenez un peu. Et, là j’ai donné ma parole à un organe de presse, sinon ce serait avec plaisir.
    Mais je le sollicitai quand même en ces termes :
  • Excusez-moi, mais je m’étais promis de vous poser au moins une ou deux questions à l’occasion.
    Courtoisement, il répondit : “ ce serait vraiment avec plaisir mais le souci c’est que j’ai promis à une télé de leur donner une interview. Vous comprendrez que c’est à cause de cela que je ne vous accorder cette interview ”.
  • Certes, je comprends mais tout de même, j’ai envie de vous le demander à vous, Khalifa Sall et en face ; pourquoi depuis votre sortie de prison, alors que beaucoup soutiennent que vous avez été emprisonnés à tort pour des raisons politiques, vous ne vous battez pas pour retrouver vos droits ? Vous êtes libres de pardonner, mais pourquoi accepter ce sort réservé qui par Macky Sall et qui vous empêche de participer à une quelconque élection dans ce pays ?
    Voilà, c’était dit. Il a bien entendu. Et, ça l’a interpellé d’une certaine manière. Naturellement, il rétorqua. Sûrement l’interrogation devait être récurrente.
    Sans attendre qu’il réponde, j’enchainais :
  • J’ai toujours voulu écrire mon parti pris sur vous depuis votre sortie de prison, mais j’ai tellement de respect pour vos représentants ici, Malick Youm, , Yaye Amy Diop, Fatou Mahine, Moussa Diémé et autres, que je ne voulais pas frustrer quiconque dans un papier. Mais face à vous le principal concerné, je vous le demande ; pourquoi malgré toute l’expérience que vous avez acquise au cours de tant d’années dans un parti aussi structuré que le PS, vous vous rangez derrière un si jeune parti de néophytes en politique à savoir le Pastef , pour mener votre combat ? Je m’attendais à ce que Khalifa Sall se batte pour s’imposer et s’opposer carrément à ce régime…
    Il me pouvait pas rester insensible à ces questions. Il me prit par le bras et me répondit ;
  • Comment me battre, je vous le demande, c’est quoi se battre ?
  • Mais c’est lutter pour retrouver vos droits. C’est descendre sur le terrain et crier vos exigences … Vous n’êtes pas éligible à quoi que ce soit, vous ne pouvez pas, à ce jour, participer à une quelconque élection.
    Oui, mais vous savez quoi ? Je vais me battre. Et, je ne me cache derrière aucun parti politique. C’est faux de penser ainsi. Et, je vous le dis, vous allez voir que je suis en train de me battre. Vous croyez quoi ? Je serai de la partie en 2024. «Damay bokk 2024, keneu meunouma téŕé bokk».
    Finalement, je n’ai pas pu obtenir mon interview comme je voulais. Mais ma foi, Khalifa venait malgré de tout de répondre à mes questions.
    Avant de le quitter je lui faisais remarquer ;
  • Mais vous venez de me parler quand-même. Ça vous dérangerez que je publie parce que je trouve intéressant le passage où tu affirmes que tu seras de la course en 2024 ?
    Il rigole un peu et me réponds ;
  • C’est à vous de voir. Mais je que je ne peux vous accorder votre entretien parce que j’ai déjà calé avec vos confrères.
  • Merci.
    C’est en ces termes que la discussion a pris fin. Il s’en est suivi une petite séance de photo avec Serigne Mansour Sy Djamil, Bamba Fall et les responsables de Bès Du Niakk organisateurs de cette brève rencontre.
    En ce 09 décembre, Khalifa parle sur France24 et sur Rfi. Il se dévoile et réitère ce qu’il m’avait confié. Pas surprise !
    Enfin la lutte dont il avait parlé ? On verra bientôt.

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