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Alors que l’opinion est toujours choquée, les chances de voir la justice régler cette affaire des talibés enchaînés s’amenuisent. Parce qu’une épée Damoclès des autorités religieuses pèse sur elle. Le verdict de ce mercredi est attendu.

R. Pédro

La pression est énorme. L’arrestation du maître coranique de Ndiagne et le procès qui s’en est suivi a fait réagir les religieux. Ils attendent le verdict du procès ce mercredi pour donner une suite, disent-ils à la situation des daara en général. Ils vont faire des propositions aux gouvernement et à l’Assemblée Nationale et lesquelles propositions n’excluent d’ailleurs pas « une modification de la Constitution », si nécessaire.
Mais déjà les jeux seraient déjà faits. L’autorité religieuse s’y étant à ce point mêlée.
Comme quoi, que personne ne soit surpris de voir la montagne accoucher d’une petite souris.
L’histoire est pourtant révélatrice dune violence sur des enfants acceptée, admise, intégrée dans notre culture et finalement banalisée. Une violence subtile et justifiée par l’apprentissage du saint Coran! Certains ont même jugé nécessaire de monter au créneau pour soi-disant défendre l’Islam et donc cautionner implicitement que des maîtres coraniques martyrisent de pauvres bambins sous prétexte que cela contribue à les endurcir et à faire d’eux de futurs bon musulmans. Et, d’aucuns voient dans ce procès la main de comploteurs et ennemis de l’Islam qui cherchent à combattre la religion au Sénégal. De supposés lobbies tapis dans l’ombre. Mon œil !
L’argument des défenseurs du maître coranique ne tient pas la route. Puisque l’Islam ne recommande nulle part d’être violent envers les enfants. Ce n’est pas parce qu’ils pensent leur cause juste, parcequ’ils sont maître coraniques qu’ils sont meilleurs ou plus légitimes à défendre l’Islam.
Et, dans cette histoire, il s’agit d’un cas précis (certainement il en existe d’autres) de violence rendu public; de pauvres bambins enchaînés, maltraités et ayant subis une violence choquante de la part de leur enseignant. Un maître coranique qui pense affirmer sa foi en s’accrochant à un métier pour se donner bonne conscience. Enchaîner des enfants fugueurs fait donc partie du processus pour les endurcir pour faire d’ eux des musulmans meilleurs?
Ce n’est rien d’autre qu’une violence à travers des méthodes surannées, brutales et choquantes héritées d’une certaine culture.

On est tous musulman au Sénégal (95% selon les statistiques), mais qu’on ne s’y meprenne pas, ça ne change rien aux conditions des enfants talibés et autres mendiants dans les rues de nos villes.
Tous coupables! Bien-sûr à différents niveaux de la chaine de responsabilité. La société sénégalaise cautionne la violence envers les enfants, surtout au cours de l’apprentissage, que ce soit à l’école française ou à l’école coranique, et même dans l’apprentissage d’un métier. Tout passe par la violence, des punitions aux châtiments corporels, du moment où le « tortionnaire » agit sous le prétexte de délivrer un quelconque enseignement !
Ce 4 décembre, ce maître coranique aux méthodes choquantes devrait recevoir un message sans équivoque qui serve d’exemple et qui sonne la fin d’une manière d’enseigner le saint Coran de la sorte. Avec la pression qu’il y a déjà, on verra.

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