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Le populisme est d’abord un discours puis une posture, qui potentiellement peut se traduire en un programme. Cette notion qui porte une lourde charge négative, parait disqualifiante lorsqu’elle se rapporte à un adversaire politique de taille. Sonko, en l’occurrence semble être le caillou dans la chaussure d’une oligarchie au pouvoir décontenancée par l’ascension fulgurante d’un Monsieur tout le monde.

Par Maimouna Saïdou Dia

Après avoir embastillé ses principaux adversaires et tripatouillé la Constitution, le président Macky Sall ne s’attendait pas à cette vague rouge et verte.

Populiste pour les moins réceptifs et les détracteurs , on dira populaire pour ceux qui sont tombés sous son charme. Pétillant et captivant, un tantinet taquin, il a su arriver à point nommé et bien  à s’implanter dans le champ politique.

Le populisme employé à toute les sauces a souvent été associé aux extrêmes, hors le leader du Pastef ne fait pas dans la langue de bois. (Môme si digui bii leye diaar! )(NDLR il va droit  au but).

Il se démarque complètement du racisme primaire d’une idéologie populiste, d’un discours illusoire car il nous tient un langage véridique. Ce terme est employé de manière allusive, et personne ne tente de vérifier sa teneur.
Certaines théories qualifient les lanceurs d’alertes de populiste car ils dénoncent le système qui s’apparente à l’aparatchik politique.

Les attaques ad hominem sont une des caractéristiques du discours populiste mais Sonko n’est ni un démagogue ni outrancier. S’il met en cause personnellement des autorités c’est parce que la justice a démissionné dans notre État failli. Évidemment dans un pays où le voleur de « nettetou » (Ndlr épice africain) est emprisonné, dans l’attente d’un jugement alors que ceux qui sont protégés par leur immunité diplomatique ou parlementaire s’arrogent le droit de nous spolier, il n’est pas normal de s’en offusquer.

Pour valider la thèse de son populisme, d’autres lui reproche sa personnalité charismatique. Force est de constater qu’Ousmane Sonko inspire confiance et n’a jamais appelé à l’insurrection populaire ni à la stigmatisation de qui que ce soit. Cherchez l’erreur ! Dans des démocraties occidentales, l’abolition des privilèges ne s’est pas faite sans révolution, ce n’est pas le cas des sénégalais qui ont été convaincus par un leader anti système, et ceux là n’ont pas besoin d’être marginalisés par cette notion péjorative.

Le patriotisme économique qu’il prône n’a pour objectif que la sauvegarde de l’intérêt national, face à une globalisation des échanges qui ne tient pas compte des pays les moins avancés comme le notre.

Ces élites corrompues refusent d’admettre que les partis traditionnels ont plongé la grande majorité du peuple, dans les abîmes de la misère, et quiconque ose en parler est aussitôt diabolisé. Ce déni profond de l’échec de ces régimes successifs, est la raison du rejet du système. Le peuple dans sa globalité est légitime, lorsqu’il en appelle à la transparence et qu’il exige que ses dirigeants prennent leur responsabilité.

Le citoyen donne le pouvoir à qui il veut et est en droit d’être associé, informé et consulté dans la prise de grandes décisions le concernant. Rappelons nous que la souveraineté, permet à un peuple d’être libre. Sans souveraineté, il n’y a pas de liberté, puisque l’autorité est exercée par d’autres qui ne doivent pas en abuser.

Sonko lance un pavé dans la mare en affirmant ceci :« Il faut arrêter de se raconter des histoires. Nous sommes un pays sous-développé et loin de l’émergence. Nous nous endettons pour nous offrir des infrastructures tape-à-l’œil, mais construire un TER alors que des femmes meurent encore en brousse pour aller accoucher, j’appelle cela de l’incompétence ».

Maimouna Saïdou Dia
PASTEF Bordeaux

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