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L’ambassadeur du Cap-Vert, Carlos Fernandes Semedo (assis au premier plan), a prêté une oreille attentive au projet d’un sommet de la diaspora. (Photo : Alain Rischard)

La Maison de l’Afrique veut organiser un sommet des exilés en Europe. Le but? Permettre à la diaspora de peser sur les choix politiques de l’Afrique.

La Maison de l’Afrique se lance dans un projet ambitieux : organiser un sommet de la diaspora africaine d’Europe, à Luxembourg, en 2018. «L’Europe compte 16 millions d’exilés africains, explique David Foka, le directeur de la Maison de l’Afrique. Nous envoyons tous les mois trois fois plus d’aide que l’Union européenne au continent… Les exilés travaillent, ils envoient de l’argent à leur famille par Western Union, ils ont voyagé : ils sont une force de développement.

Une force visiblement sous-estimée au sein de l’Union africaine (UA), la plus vaste organisation politique du continent. «Nous sommes la sixième région!», exulte David Foka, en référence à la promesse non tenue par l’UA de permettre à la diaspora de siéger, en plus des représentants des cinq régions du continent. Selon les experts sur place, dont le très bon Le Monde Afrique, les relations sont ambiguës entre la diaspora africaine et les dirigeants en place : l’argent au pays d’accord, l’interférence dans la gouvernance politique, non. Il faut dire que de nombreux opposants sont eux-mêmes exilés… Bref, la situation est complexe.

Mais pourquoi ce choix du Luxembourg comme point de chute? «Nous ne voulons pas organiser un tel sommet dans un ancien pays colonisateur», lâche sans détour David Foka. Tant pis pour la Belgique et pour la France, donc.

«Il n’y a pas d’arrière-pensée ici»

Les relations avec le Luxembourg semblent propices à l’organisation d’un tel sommet : «Il n’y a pas d’arrière-pensée et des beaux projets voient le jour», note David Foka. Le dynamisme économique local joue aussi beaucoup. «Il faut arrêter de penser l’aide de l’Afrique en termes d’aide humanitaire, précise le directeur de la Maison de l’Afrique. Les investisseurs privés mettent leur argent en jeu, et sont donc attentifs aux retombées. Ce sont eux qui doivent agir en Afrique en premier rang, même si le soutien humanitaire compte.» On est ensuite parti dans des idées plus floues de ce que pourrait être la coopération entre l’Afrique et l’Europe.

Une chose est sûre : un projet piloté par la Maison de l’Afrique a remporté un appel d’offres lancé par LuxDev en décembre. «Quatre entreprises luxembourgeoises investissent au Sénégal dans la fibre d’aloe vera. L’idée est de fabriquer du textile», dévoile David Foka. Qui rêve d’un sacré coup de marketing : «habiller Miss Luxembourg et Miss Sénégal sur un podium commun». Ça, c’est du concret!

Hubert Gamelon

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